Dur, dur d’être une petite entreprise

Les PME sont les plus gros employeurs du pays. Mais elles souffrent de paperasserie, de fiscalisme et pénurie de personnels. Si elles étaient pourtant l’avenir du travail ?

Small is beautiful. Les PME jouissent en France d’une cote d’amour bien supérieure à celle des grandes entreprises : 87% des Français ont une bonne image des TPE/PME contre 53% pour les grandes entreprises.

Au pays d’Astérix et du Petit Poucet, on préfère les petits (à priori “gentils”) aux grands (supposés “méchants”). C’est un trait culturel.

Mais il existe aussi des raisons plus prosaïques à cet attachement aux PME. Elles sont jugées à “taille humaine”, avec des “hiérarchies plates”, elles emploient plus de monde et licencient moins que les entreprises de grande taille. Et elle sont plus rentables.

En 2021, la France compte, selon l’Insee, 4,5 millions de petites et moyennes entreprises marchandes non agricoles et non financières, chiffre qui comprend aussi les microentreprises. À noter que le terme légal de “microentreprise” définit depuis 2008 toutes les PME d’une taille inférieure à dix salariés. Ce qui inclut aussi les anciens auto-entrepreneurs devenus microentrepreneurs.

Parmi ces PME, 4,3 millions sont des microentreprises, qui emploient 2,6 millions de salariés en équivalent temps plein (ETP). Et 159 000 sont des PME qui emploient 4,3 millions de salariés. Au total, les PME emploient ainsi 6,9 millions de salariés (en ETP) quand les 294 grandes entreprises (avec 28 100 établissements) en emploient 4,2 millions.

PME, avenir du travail ?

Mais, malgré des caractéristiques positives, les PME rencontrent des difficultés auxquelles échappent les grande entreprises.

Elles subissent des réglementation pénalisantes, imaginées pour les grandes structures, non adaptées à leurs tailles et à leurs ressources. Plus que les autres, elles sont frappées par la passion des normes et par l’inflation bureaucratique. En 2017, un étude de Sage/Plum consulting (PDF) évaluait l’impact du coût de cette bureaucratie : “En moyenne en France, 142 jours de travail par an sont consacrés à la gestion administrative dans les PME. “

Les PME sont aussi défavorisées par une fiscalité injuste. Si leur taux d’impôts sur les société se rapproche aujourd’hui du taux avantageux concédé aux grandes entreprises, ces dernières sont toujours favorisées par des crédits d’impôt supérieurs à ceux des petites entreprises.

Tout aussi grave : près de 80% des PME ou TPE souhaitant embaucher sont confrontées à des difficultés de recrutement qui pénalisent leur activité. Une situation qui existait déjà avant la Covid mais qui s’est aggravée après la pandémie par manque de candidats pour les postes disponibmes. Les deux-tiers des dirigeants interrogés dans le Baromètre trimestriel BPI France/Le Lab/Rexecode de mai 2023, déclarent n’avoir reçu aucun CV en réponse à leurs offres d’emploi !

Les petites PME et les microentreprises pâtissent de leur manque de responasbles des ressources humaines et d’encadrement. Un ami dirigeant d’une entreprise de huit salariés me confiait récemment son désarroi devant la gestion du télétravail : “En 2020, au moment des confinements, le gouvernement nous a poussé à mettre la plupart de nos salariés en télétravail car notre activité le permettait. Après les confinements, l’un d’entre eux a opté pour un statut de freelance et deux autres sont restés chez eux, à une voire trois heures de trajet du bureau. Aujourd’hui, je ne peux pas leur demander de revenir deux ou trois jours par semaine au bureau, ce ne serait pas humain et trop cher pour eux. Et de toute façon, si je leur imposais, ils démissionneraient. Je perds donc un temps fou à gérer la production. Je suis maintenant coincé.”

Malgré ces handicaps, les TPE- PME sont très flexibles, bien implantées localement et fonctionnent volontiers en réseau.

Des qualités qui leur donnent une longueur d’avance pour l’organisation du travail de demain ?

The New Yorker, célèbre pour ses Unes dessinées (Sempé en a créé plusieurs) consacre celle du 1er janvier à l’évolution du travail, “capturant les sentiments orageux que beaucoup d’entre nous ressentent à propos de notre vie professionnelle.” Outre ses Unes, le magazine préféré des intellectuels américains est aussi connu pour la finesse de ses observations sociologiques.

Source : ZeVillage

Cet article (auteur : Xavier de Mazenod) a été originalement publié sur le site Zevillage, le 4 janvier 2024). Zevillage est un site publiant de nombreuses informations sur tous les sujets touchant au travail ou au télétravail. Nous en recommandons vivement la lecture.

 

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